3 questions + une, à Hervé PICCIRILLO, commissaire aux sports militaires, commandant le Centre national des sports de la Défense et Président du Conseil international du sport militaire (CISM).

Le commissaire en chef de 1^re classe Hervé PICCIRILLO a la particularité de détenir un double parcours. Militaire et sportif de haut niveau dirigeant (arbitre international de football de 2005 à 2010), il vient d’être élu par ses 138 pairs, président du Conseil international du sport militaire pour 4 ans. L’assemblée générale du Conseil international du sport militaire (CISM) a entériné son élection samedi 21 avril dernier avec 87 % des voix, saluant la position particulière de la France, qui a toujours œuvré pour le développement du sport et la promotion de ses valeurs partout dans le monde.

Dans votre allocution au CISM, vous avez rappelé que l’histoire du sport international militaire doit s’écrire sous le signe de l’amitié par le sport, mais également de l’unité, l’engagement et l’ambition. Ces valeurs sont-elles celles du Centre national des sports de la Défense ?

Les valeurs du sport sont universelles. Nos soldats, nos militaires blessés et nos sportifs de haut niveau se retrouvent en partageant le même esprit d’équipe, le goût de l’effort et le dépassement de soi. J’ai l’intime conviction que l’ambition, la volonté de donner du sens à une action ne peut réussir qu’avec la force du collectif, une vision commune au service de l’intérêt général. J’y ajouterai des valeurs singulières à la communauté militaire, le rassemblement, l’exemplarité et l’engagement au service d’un idéal. C’est naturellement que le CNSD, clé de voûte du sport militaire français, s’inscrit dans les valeurs fondamentales partagées par le CISM : le respect, l’amitié et l’excellence.

L’Armée des champions n’éclipse-t-elle pas trop vos autres missions ?

Le soutien du ministère des Armées au sport de haut niveau français est historique. Sa place est unique, elle est d’ailleurs confortée par la perspective des Jeux de Paris 2024. Le dispositif actuel a fait suite à la professionnalisation des armées. C’est ainsi qu’en 2003, un dispositif spécifique interministériel a été mis en place, regroupant les Sportifs de haut niveau de la Défense au sein de l’équipe « Armée de champions », en confiant sa responsabilité au commissaire aux sports militaires. Le Bataillon de Joinville est ainsi réactivé au sein du CNSD, qui accueille toutes les disciplines pratiquées reconnues de haut niveau. Partenariat fort entre les ministères, ce dispositif témoigne de l’attachement des forces armées à la promotion active du sport d’excellence. Lorsque l’Armée de Champions suit un stage d’acculturation au CNSD et passe des nuits sur le terrain avec un programme musclé concocté par nos instructeurs spécialisés, les regards changent et plus que jamais les valeurs communes entre sportifs et militaires prennent leur sens. Le dispositif a fait ses preuves : 77 médailles dont 31 en or remportées lors des Jeux Olympiques et Paralympiques d’été et d’hiver depuis Athènes 2004.

Quels sont votre ressenti et les ambitions du CNSD / CISM sur la reconstruction par le sport ?

Aider les blessés à se reconstruire est une priorité : le sport contribue à cette réadaptation et occupe une place essentielle. Le Centre national des sports de la Défense tient un rôle particulier, concrétisé par la rénovation complète des infrastructures du CNSD en 2014 et la mise en place d’une cellule « Blessés, Militaires et Sports » composée d’instructeurs spécialisés. La réinsertion des blessés militaires, c’est ainsi la formation à l’encadrement, le développement de l’équitation adaptée et la préparation aux compétitions nationales et internationales. Le CNSD, détecte, sélectionne et prépare physiquement et mentalement la délégation française qui participe aux Invictus Games*‘ ainsi qu’aux Jeux mondiaux militaires. Des actions restent à mener afin d’accroître le nombre de personnels formés à l’encadrement du handisport et d’ouvrir systématiquement les compétitions nationales militaires aux blessés.

Quel est votre programme ?

Historiquement et politiquement parlant, cette élection à la présidence du CISM prend tout son sens. De l’implication du colonel DEBRUS dans la création du CISM il y a 70 ans, jusqu’à l’organisation des Jeux Olympiques de Paris de 2024, la France s’est toujours inscrite dans un mouvement international et universel du sport. Mon mandat de 4 ans repose sur un programme : « opérationnel, ensemble » et se décline en 3 axes majeurs : conforter les fondations du CISM, moderniser son modèle sportif et renforcer l’amitié par le sport entre les pays membres.

Ces actions qui portent leurs fruits depuis 4 ans en France sont transposables à l’international. Aussi, ai-je l’ambition, dans le cadre du Conseil international du sport militaire, d’accroître l’effort sur la reconstruction par le sport des militaires blessés. À ce titre, j’ai proposé certaines mesures qui sont déjà à l’étude :

- Favoriser une approche intégrée : privilégier une organisation sportive associant les para-sportifs et les valides ;

- Proposer une offre sportive variée pour les militaires handicapés adaptée à leur projet sportif incluant la reconstruction par le sport et la compétition ;

- Encourager les échanges d’expérience entre les pays membres en organisant régulièrement un séminaire sur la reconstruction des blessés par le sport sous l’égide du CISM ;

- Créer une commission sportive dédiée au para-sport.

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* Compétition internationale multisports pour soldats blessés et handicapés

Crédit texte : Etat-major des Armées