Un stage de préparation athlétisme aux Invictus Games de Sydney a été organisé début juillet 2018 au Centre national des sports de la Défense de Fontainebleau. Les 25 blessés des Armées et de la Gendarmerie sélectionnés pour les Invictus Games ont enchaîné les entraînements d'athlétisme mais aussi en sports collectifs. Interview de deux d'entre eux pour lesquels le maître-mot est : se faire plaisir.

Caporal-chef Jean-Philippe, du 1er régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP) de Pamiers, blessé physique depuis 2011, suivi pour un syndrome de stress post-traumatique, 1ère participation aux Invictus Games.

Quelles disciplines sportives feras-tu aux Invictus Games ?

Caporal-chef Jean-Philippe : Je suis sélectionné en athlétisme, natation, développé-couché, rameur et basket-fauteuil. Pendant ma préparation aux Invictus, j'ai aussi fait des étapes du challenge sportif participatif Ad Victoriam pour les blessés. J'ai découvert le CNSD au cours de mes nombreux stages de préparation: les infrastructures sportives sont parfaites et adaptées au handicap. L'encadrement sportif de la direction blessés militaires et sport est complet et individualisé.

Quels sont tes objectifs aux Invictus Games ?

On a un beau collectif au sein de l’équipe Invictus France. J'espère que toute l'équipe va pouvoir se faire plaisir d'abord, l'esprit de camaraderie est primordial. Militaires, nous avons tous l'esprit de compétition, faire briller les couleurs de la France : les médailles viendront naturellement, nous nous dépasserons en l'honneur de nos frères d'armes.

Ta famille sera-t-elle présente ? 

Je pars aux Invictus avec ma femme et mes filles, c'est important pour moi car elles me soutiennent et font partie intégrante de ma reconstruction, avec ma famille militaire. Il y aura aussi un psychologue, c'est important, et le soutien du staff et de mes camarades de l'équipe. Les Invictus sont mon objectif de l'année.

Que dirais-tu à un autre blessé ?

Avant ma blessure, je ne faisais pas régulièrement du sport, depuis mon accident je m'y suis remis progressivement et j'adore ça : en régiment, je fais 4 entraînements par semaine. Le sport m'a aidé à me libérer, évacuer le stress, les sentiments négatifs et me donne une bonne fatigue physique. J'ai commencé par un stage d'équitation adaptée avec l'adjudant-chef Benoît, du CNSD et c'est là que tout s'est déclenché pour moi. Le plus dur est de passer le cap que l'on se fixe parfois. J'encourage les blessés à se lancer, après ce n'est que du bonheur ! Au CNSD les stages sont multisports, on s'épanouit grâce au staff et à l'équipe.

Le caporal Marion, du bureau des sports du 48e régiment de transmissions (48e RT) d'Agen, blessée en service, s'occupe aujourd’hui des tests sportifs annuels des militaires et de la ré-athlétisation des blessés. Elle participera pour la seconde fois aux Invictus Games, ayant à son actif 1 médaille d'Or, 2 d'argent et 1 de bronze remportées aux Invictus d'Orlando en 2016.

Dans quelles disciplines sportives te prépares-tu pour les Invictus ?

Caporal Marion : Cette année, je suis sélectionnée en athlétisme, rameur et développé-couché. Je suis suivie par l’encadrement sportif du CNSD depuis mes premiers Invictus Games, même à distance. Il y a aussi un cadre de la Fédération Française de Handisport présent sur certains stages. En régiment, mes entraînements sont aussi guidés avec un coach en local.

La force du collectif est visible lors de vos entraînements

C'est important d'êtres soudés, pour gagner mais aussi pour se sentir bien. Ancienne joueuse de football en équipe de France militaire de football féminin il y a dix ans, on retrouve aux Invictus Games cette force du collectif. J'ai toujours été sportive, pentathlète, footballeuse, j'ai, depuis ma blessure, repris l'athlétisme et commencé le parachutisme. Je me suis découvert sur ce sport qui permet un lâcher-prise, m’a permis de me redécouvrir et d'avancer. Le sport défi est meilleur qu'un médicament !

Que représentent les Invictus pour toi qui les as déjà vécus ?

Pour moi les Invictus, c'est la résilience, une force, on revient dans nos unités avec quelque chose en plus, on se retrouve à nouveau soldat, combattant, grâce au sport, avec de nouveaux théâtres d'opérations : les terrains de sport. Il y aussi l'amitié par le sport, notamment un moment qui reste gravé dans mon cœur, l'amitié avec Sarah Rudder des Etats-Unis, une des athlètes les plus médaillées aux Invictus Games : elle tombe sur le 200m aux Invictus de 2016, je m’arrête sur la course pour la soutenir. Un lien naturel s'est tissé entre nous et on s'est ensuite retrouvé chez elle, aux États-Unis, le Noël suivant.

Le soutien et l’entraide sont essentiels sur ce challenge et pour performer

J'y vais cette année avec mon époux et ma fille, la famille c'est notre force morale, qui nous porte et la famille militaire nous suit et nous encourage. L'encadrement présent va nous soutenir au niveau médical et mental : deux aspects essentiels dans le sport. J’irai pour représenter tous les blessés de France en Australie. J'ai hâte d'y être avec la nouvelle équipe, ma famille et de vivre cette compétition hors norme : j'ai déjà briefé les nouveaux : un mot d'ordre, se faire plaisir.